Après pas mal de temps, je finis de visionner cette saison...

J'ai adoré cet épisode, pour toutes les raisons données par Koss et Gismo (merci pour vos avis toujours éclairants).

En plus, je suis sans doute la seule ici à ne pas me lasser de Mike, ni de Gus...:)

La partie sur Kim et Jimmy est toujours aussi excellente. Kim qui s'enfonce dans un mensonge à elle-même, mensonge duquel elle ne pourra pas sortir. Je trouve la scène où elle imite son boss vraiment malaisante (et j'ai du mal à y voir une complicité avec Jimmy). Rhea Seahorn est absolument fabuleuse, de loin la meilleure performance de la série. Et ce passage où elle engueule son boss, il en faut du talent pour bluffer autant et argumenter sur quelque chose totalement contraire à ce qu'elle pense vraiment (en même temps, elle est avocate ! *rires).

Jimmy et ses magouilles pour retarder l'échéance, c'est franchement très bien également, j'aime ce côté fun des premières saisons de BCS qu'on avait un peu perdu.

Et puis... Mike répare une fenêtre.

C'est très compliqué de noter une série que je savoure 50% du temps, sur laquelle je fais avance rapide l'autre moitié.

Les avis de Koss et Gizmo sont assez dingues, bien plus que l'épisode en lui-même. Effectivement, ce contraste de silence lent et douloureux contrebalance bien le moulin à paroles Jimmy et les phrases verbeuses de Kim. Mais je dirais que les scènes de Mike mettent plus en lumière l'intrigue des avocats que l'inverse. Ça n'enlève donc rien au fait que la série est totalement hybride. Et les hybrides comme on le sait, ça n'apporte que le chaos. L'hybride BCS se tiendra bientôt sur les ruines d'Albuquerque, si ça continue.

Quant à Gus et le symbole de la fontaine, j'ai assez halluciné devant l'analyse de Koss, très pertinente. Dommage que ça ne change rien à l'ennui profond et mon désintérêt pour le personnage de Gus. Je trouve d'ailleurs que l'échange final avec Mike et Gus est sous-écrit au possible. "Oui je suis différent des Salamanca." "Je ne bosserai pas pour vous" "Si car tu veux te venger" [cut et fin d'épisode]. C'est vaguement logique sur le papier mais pour l'instant, je ne marche pas. C'est beaucoup trop facile. Et j'espère qu'il en faudra plus que ça à Mike pour rejoindre Gus, sinon c'est un énorme "tout ça pour ça". Enfin, je dis que j'espère, mais très honnêtement je m'en fiche un peu. Il ne reste que ça à faire pour Mike dans la série et on sent qu'ils étirent son intrigue au possible, c'est insupportable. Je pense que le personnage aurait mieux marché s'ils l'avaient évincé de la série temporairement pendant une saison.

Ça me soule de plafonner ma note pour lui, j'espère avoir dans la saison des centrics sur l'intrigue Kim/Jimmy pour que je puisse vraiment adorer de bout en bout un épisode.

Cinquième épisode et la saison commence enfin. D'un côté, ce n'est pas trop tôt. Mais de l'autre, je n'ai pas envie de bouder mon plaisir.

La partie sur Jimmy et Kim est clairement délicieuse. Je suis toujours étonnée de voir à quel point il arrive à retarder l'échéance concernant Mesa Verde. Une belle leçon de créativité, qui aurait pu s'arrêter là. Mais je rejoins vos avis : Kim ne sortira sans doute pas indemne de sa prise de position. Je suis vraiment curieuse de voir l'avenir qui lui est réservée.

Comme souvent, j'ai beaucoup moins apprécié la partie sur Mike et Gus. Je pense que le problème tient au fait que je n'accorde plus de légitimité à Gus (merci Once Upon a Time pour ça). Forcément, ses apparitions ne me font ni chaud ni froid.

L'histoire de Breaking Bad et de Better Call Saul, c'est celle de personnages persuadés de faire le bien.

C'est Gus, bien sûr, qui distribue de l'argent au Mexique dans le village natal de Max et qui met plus d'effort et d'investissements dans une fontaine rutilante que dans l'entretien d'une fenêtre qui prend l'eau. Gus est persuadé d'être du bon côté, celui de la fontaine. Il est immédiatement contredit dans l'avant-dernier plan quand il se tient tout de noir vétu du côté de cette fontaine (dans un pays qui manque d'eau) en face de Mike, habillé de blanc.

C'est aussi Saul, défendeur des petites gens, dans un arc que ne renierait pas Clint Eastwood. Effectivement, il y a quelque chose de jouissif de faire vaciller ce Kevin, riche banquier golfeur. Mais la véritable motivation de Saul n'est pas là : elle est celle de faire tomber les gens (son frère et Howard) qui lui ont barré la route dans sa jeunesse. Une motivation bien plus égoiste que celle de faire le bien.

Et puis, c'est évidemment Kim. Le postulat de base était simple quand on a découvert le personnage de Kim : elle allait quitter Jimmy qui allait devenir Saul. Et puis il y a cette scène incroyable ("Or ?") où Kim pousse Saul à aller plus loin. Saul sort de la chambre pour aller se chercher une bière au bar. Kim, dans un sublime plan, va chercher du regard Saul pour entrevoir jusqu'à va le chemin sur lequel s'est engagé Saul et qui semble attirer Kim comme un aimant. De fait, elle franchira le seuil de la porte dans le plan suivant, comme elle franchit le seuil de son bureau pour aller engueuler son patron, Rich, quelques minutes plus loin. C'est un simple champ contre-champ, mais il y a tout ici, l'essence même de la série et de la dynamique globale de l'univers.

Très grand épisode, dans une saison de grande qualité.

Quel épisode, mes amis.

Petit à petit, toutes les pièces du puzzle se mettent en place. on s'est tous questionnés de l'intérêt d'une saison 4 qui s'ouvrait avec un Jimmy cynique refusant le deuil de son frère pour se conclure sur un Saul Goodman railleur utilisant la mort de son frère comme un levier pour parvenir à ses fins. Mais les scénaristes de BCS sont malins, car Saul n'est qu'un écran de fumée. Jimmy a toujours été tenté par le côté obscur de la loi, la véritable transformation s'opère en réalité du côté de Kim.

Après avoir minutieusement planifié la chute de Chuck sur 3 saisons, Better Call Saul prépare celle de Kim sur les 3 suivantes. Car c'est finalement peut-être ça, l'idée de la série. Voir comment un personnage aussi pathétique et médiocre que Saul Goodman enrôler malgré lui dans sa dynamique auto-destructrice tous ses proches.

Du côté de Mike, la série répète la très belle idée déjà abordée la saison passée que Mike est en quête d'un paradis perdu, qu'il concrétise dans l'artisanat. On peut reprocher à la série son rythme (je me lasse aussi parfois des pérégrinations de pépé Ehrmentraut), mais les intrigues silencieuses de Mike sont un contrepoint fascinant aux bavardages incessants de Jimmy. L'épisode offre même un début de réponse sur les liens indéfectibles qui uniront Gus et Mike et provoqueront leur chute : la douleur d'un deuil qui refuse de se faire. Une belle unité thématique pour tous les personnages de cet épisode.

 Alors Mike qui fait une convalescente en Amérique du Sud et qui s’ennuie tellement qu’il répare un rebord de fenêtre, ce n’était peut-être pas obligé de lui consacrer autant de temps d’écran.

C’est dommage, cela gâche le résultat, car le duo Saul & Kim vs la Grande Société Inhumaine était fun, les astuces pour repousser l’expulsion étaient imaginatives et drôles. Ainsi que la scène où Kim imite son chef, très belle et la complicité entre les acteurs qui sautent aux yeux.

Par contre, je maintiens que Kim perdra des plumes à la fin de cette histoire.